La gigantothéorie. La gigantothéorie est l'idéologie qui considère que le gigantopithèque est l'ancètre de la plupart des homins de très grande taille observés sur terre, le yeti et le bigfoot. Le gigantopithèque est un singe géant qui a vécu dans les forêts de bambous de l'Asie tropicale jusqu'a il y a environ 100000 ans ,il pesait autour de 1200 livres et devait atteindre une hauteur de 10 pieds. On ne possède de lui que trois machoires et des centaines de dents isolées provenant de la Chine La forme de ses molaires à couronnes élevées ont rapproché sa dentition de celle d'un babouin, mais contrairement à celui ci les canines sont basses. Il aurait disparu officiellement du fait de la mort simultanée des bambous mais surtout de la prédation des Homo erectus.
La théorie voudrait que des populations isolées de ce pongidé aient survécu à la pression des hominidés en se réfugiant en millieu forestier et en migrant sur de longues distances. Elles auraient développé une bipédie et une stratégie d'évitement de l'homme par notamment une capacité à la vision nocturne, associée à une adaptation au climat continental froid. Le nomadisme de ces hominoïdes les aurait conduit de proche en proche par le détroit de Bering jusqu'en Amérique du nord. Le fait que le sasquatch soit ce singe anthropoïde est soutenu par sa taille actuelle qui rappelle celle du pongidé fossil, par sa morphologie (aspect du visage, démarche du skieur de fond, cimier sur le crane) mais surtout par le comportement, l'absence d'utilisation d'outils, mimiques d'intimidation et comportements coléreux semblables à ceux d'un chimpanzé ou d'un gorille. Cette hypothèse est largement dominante en Amérique du nord dans les opinions des plus grands bigfooteurs, Grovers Krantz, John Green, Bindernagel; elle ne choque pas les fondamentalistes religieux américains (le bigfoot n'est pas un hominidé) et elle donne bonne conscience aux chasseurs désireux d'abattre un bigfoot (ce n'est qu'un animal).
La déshominisation. La seconde théorie prête au sasquatch un statut d'hominidé très proche de l'homme, ce serait un Homo erectus féral, elle est basée sur le concept récent de l'hétérochronie. Le problème avec le gigantopitheque et qu'on ne connait pas grand chose à son sujet à cause du très faible nombre de fossils le concernant. Trois mandibules et quelques centaines de dents suffisent juste pour se donner une idée du régime alimentaire de l'animal. Grover Krantz prétendait qu'il était bipède du fait de l'évasement des deux branches de la mandibule pour permettre le passage du cou. Mais cet avis n'est pas partagé; on ne peut pas certifier avec exactitude la bipédie du gigantopithèque. De plus on n'a pas trouvé jusqu'à présent de fossils du gigantopithèque en Amérique. On ne peut rien dire sur la morphologie exacte de ce pongidé à part sa taille, ce singe a été pris comme origine pour la plupart des homins de grande taille par soucis de facilité, c'est l'idée la plus commode qui vient en tète et elle ne demande pas beaucoup de réflexion. En effet à par lui, essayer de trouver un autre candidat pour l'origine du sasquatch en tant que singe anthropoïde bipède est un exercice difficile. Loren Coleman attribue comme ancètre au sasquatch, le paranthrope (australopithèque robuste).
Si on considère le sasquatch comme un hominidé, alors son origine se situe dans l'une des espèces connues fossiles ancêtres de l'homme dont on a une abondance d'ossements et dont on connait correctement la morphologie et la physiologie, l'Homo erectus. Cet hominidé a généré lors de son expension en Asie une grande variété de groupe ethniques de taille et de morphologie différentes selon les régions, homme de Pékin, homme de Java, méganthrope, homme de Flores, pithécanthrope, et des forme rapprochées: Homo heidelbergensis, Homo ergaster, Homo georgicus. La découverte récente de l'Homo floresiensis dans l'ile de Flores avec sa taille minuscule de 1m et son poid de 25 kg confirme une fois de plus la plasticité et l'adaptabilité de cette espèce à des environnements variés et la pluralité de sa morphologie. Cela pousse a penser qu'une des spéciations extrèmes de l'espèce a conduit l'homo erectus à adopter quelques fois une taille gigantesque et un aspect pongoïde. Cette spécialisation est différente de la spéciation allopatrique de l'Homo floresiensis, c'est la déshominisation ou bestialisation. Cette spécialisation correspond pour un hominidé au passage d'un état néoténique à un état péramorphe par un basculement de la sélection R vers la sélection K accompagné d'une augmentation de la taille.
L'hétérochronie est l'évolution d'un animal par la modification de la durée ou de la vitesse de sa maturation. Lors de la maturation somatique post natale les caractères liés à l'espèce et les caractères sexuels secondaires apparaissent et s'accentuent dans une séquence bien définie jusqu'à que l'age de la maturités sexuelle fige la séquence à un stade précis qui donne l'apparence de l'animal à l'age adulte. La modification de la vitesse de cette séquence pour un age fixe ou la modification de l'age de la maturité sexuelle pour une sequence fixe (modification de la vitesse ou de la durée de la maturation somatique) induit une modification de l'apparence et de la forme de l'immaturité à l'hypermaturité. Un animal à la maturation somatique courte et à la maturité sexuel précoce a à l'age adulte une apparence juvénile, immature, il est néoténique. La sélection R correspond à un environnement hostile où l'espèce connait une forte mortalité, le maintient démographique impose un taux de fécondité élevé et donc chaque individu doit avoir la maturation la plus courte pour se reproduire le plus tôt, la sélection R induit une néoténie. Un animal à la maturation somatique longue et à la maturité sexuelle retardée a à l'age adulte des caractères sexuels prononcés et une apparence physique exagérée, il est péramorphe. La sélection K correspond à un environnement favorable où l'espèce ne connait pas de pressions environnementales et de stress, la mortalité est faible, on peut se permettre donc une faible fécondité avec une période longue de maturation. La sélection K induit un péramorphisme. Les lapins, les gazelles sont néoténiques; les éléphants, les tigres, les loups sont péramorphes. La domestication induit une néoténie volontaire par l'intermédiaire de la sélection artificielle, le chien est la version néoténique du loup, le boeuf domestique est la version néoténique de l'auroch. On peut dire de même que le chimpanzé est la version péramorphe de l'homme. L'hominisation correspond au passage de l'hominoïde d'un état péramorphe à un état néoténique. La déshominisation est le processus contraire. Il est prouvé que les néanderthaliens et encore plus l'Homo erectus avaient une maturation courte avec un passage rapide à l'age adulte et une adolescence courte, du fait de la pression d'un environnement hostile avec une mortalité élevée. On peut facilement imaginer que l'Homo erectus sous la pression de l'Homo sapiens a subi un stress démographique important (cannibalisme, métissage) les populations restantes se sont réfugiées dans des environnements inaccessible à l'homme (montagnes, marais), l'Homo erectus s'est spécialisé donc pour s'adapter à ces nouveaux milieux qui sont une sélection K, cette specialisation serait un basculement de la néoténie vers le péramorphisme avec une augmentation de la taille, l'augmentation de la pilosité et l'amélioration des performances physiques et sensorielles dans le but principale de s'adapter a un climat froid continental et de se tenir à l'écart de l'homme. Cette déshominisation s'est accompagnée d'un abandon du bagage culturel, de l'usage des outils et de l'adoption d'un comportement rappelant celui de l'ours. On pourrait considérer le sasquatch comme une spécialisation extrème de l'Homo erectus au milieu forestier et au froid.
Le fait que le Sasquatch puisse être le descendant de l'homo erectus est soutenu par des découvertes de cranes ou de morceaux de cranes aux caractères erectinés en Amérique centrale et du sud. La découverte d'un morceau d'arc supra orbitaire dans la collection privée d'un homme qui ramassait des ossements sur le bord du lac de Chapala au Mexique pendant des décennies. La découverte ancienne d'une calotte cranienne à Lagoa Santa au Brésil avec un torus supra orbitaire de 16 à 20 mm d'épaisseur ("Current Anthropology" juin 1984).
Ces deux théories divergent l'une de l'autre et on la faveur chacune d'un public particulier. La thèse du gigantopithèque est largement utilisée par les chercheurs nords américains qu'ils soient pacifistes ou en faveur de la chasse de la créature. En Europe on est plus nuancé, si la majorité des hominologistes favorisent le gigantopithèque, certains comme les chercheurs russes continuent à voir dans le sasquatch un représentant de l'homme de Néanderthal dans la logique marxiste de l'anthropogénèse. La thèse de la déshominisation de l'Homo erectus est considérée favorablement par les chercheurs traitant de la bipédie initiale et de l'adaptation aquatique des hominidés parce que la théorie de la bipédie initiale inclut la notion de déshominisation des hominoïdes à partir d'un homoncule primordiale.
Sujet: Le sasquatch ou Bigfoot 
Mar 20 Jan - 11:17
